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Des aînés attendent des mois pour obtenir de l’aide à domicile

Mise à jour le jeudi 21 janvier 2016 à 10 h 56 HNE

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ExclusifAlors que la population est vieillissante et que les besoins sont grandissants, Radio-Canada a appris que les budgets alloués à l’aide à domicile sont en baisse dans les cinq Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’île de Montréal. Ils ont diminué de 9 % cette année par rapport à l’an dernier pour l’ensemble des établissements de santé de la métropole. Une somme équivalente à plus de 9 millions de dollars.

Un texte de Jean-Philippe Robillard

Selon les documents dont nous avons obtenu copie et les calculs que nous avons effectués, les baisses les plus importantes se retrouvent au CIUSSS Nord-de-l’île-de-Montréal avec 13,5 % et au CIUSSS Centre-Ouest-de-l’île-de-Montréal avec 13,1 %.

8 mois d’attente pour de l’aide au bain

Conséquences de ces réductions budgétaires : des personnes âgées se retrouvent à attendre des semaines, parfois des mois, pour avoir accès à de l’aide à domicile. Selon des organismes communautaires et des gens du réseau de la santé, les aînés peuvent parfois attendre des semaines voire des mois pour avoir accès à certains services à la maison.

À l’organisme communautaire La Théière de Lachine, on constate les effets des réductions budgétaires sur les services offerts aux personnes âgées par le réseau de la santé. Selon l’intervenante Tamara Peel, les délais d’attente pour obtenir certains services de soutien à domicile, dont l’aide au bain, peuvent parfois être longs, très longs.

« On voit que les clients attendent longtemps pour des services du CLSC. » Elle cite en exemple une dame de 85 ans en perte d’autonomie qui attend depuis 8 mois de l’aide du CLSC pour prendre un bain. Une situation qu’elle juge inadmissible. « J’étais choquée et je pense que je suis encore choquée, parce que ce n’est pas normal du tout. Ils ont fait leur évaluation, et 8 mois après, elle n’a toujours pas de service pour prendre un bain. On ne devrait pas attendre 8 mois pour prendre un bain ».

Dans l’ouest de l’île, les budgets alloués à l’aide à domicile, selon nos calculs, ont diminué de 10 % cette année par rapport à l’an passé. Ce qui se traduit par 100 000 heures de services en moins pour les personnes âgées.

Liste d’attente

Dans l’est aussi les personnes âgées subissent les contrecoups des diminutions de budgets alloués à l’aide à domicile. Léo Fortin, directeur de l’organisme communautaire Chez Nous de Mercier-Est, en constate les impacts tous les jours.

Les aînés dans le besoin peuvent attendre de 6 mois à 1 an pour obtenir des services de maintien à domicile, s’indigne-t-il. « Il semblerait qu’il n’y ait pas de disponibilité de personnel. »

Jannine Fontaine, elle, n’a pas oublié qu’elle a dû attendre près d’un an avant d’obtenir l’aide à domicile de son CLSC. « Ils vous mettent sur une la liste et vous attendez. Si vous n’êtes pas courageuses, pas fonceuses, vous êtes lentes un peu, ça peut prendre beaucoup de temps. Je vous le dis parce que je l’ai vécu », dit-elle.

Mais rares sont les personnes qui osent dénoncer publiquement ce qu’elles vivent. Quand ce ne sont pas les délais d’attente qui sont en cause, ce sont les services qui sont carrément coupés.

Nous avons rencontré une dame de 82 ans en perte d’autonomie, qui attend de l’aide au bain depuis plusieurs mois. Elle nous a dit avoir perdu l’aide au ménage qu’elle recevait depuis 10 ans. Sa fille, qui en prend soin, n’en revient toujours pas. « Son infirmière lui a coupé ses soins à domicile et lui a bien vissé dans la tête que c’était à la demande du ministre [de la Santé Gaétan] Barrette. Sa voisine, qui a 94 ans, a perdu le droit à un bain elle aussi. Ma mère a beau demander de l’aide pour se laver, on lui répond depuis longtemps qu’elle est sur une liste d’attente », explique-t-elle.

Le coût net d’une place en CHSLD public pour une personne âgée varie de 42 000 $ à 71 000 $ par année, ce qui est de loin supérieur au coût d’une personne qui reste à domicile.

Le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, se défend en disant que les budgets ont augmenté en 2014-2015 par rapport à l’année précédente, mais ses chiffres incluent non seulement l’aide à domicile, mais aussi les soins médicaux à la maison. « La réalité est que quand on compare 2013-2014 avec 2014-2015, on comprendra que 2014-2015 est la dernière donnée disponible, a-t-il déclaré. On a au Québec augmenté de 11 % le nombre d’heures de services donnés aux personnes à domicile et on a augmenté de 8 % le budget. C’est ça la réalité. Au total, au moment où on se parle, nous avons augmenté d’environ 100 millions. »

Lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre Philippe Couillard s’était engagé à augmenter le financement des soins à domicile pour les aînés.

Réactions de deux CIUSSS

Grâce à des économies, générées notamment par des départs à la retraite, le CIUSSS de l’Est de l’île de Montréal prévoit finalement dépenser 400 000 $ de plus en 2015-2016 pour l’aide à domicile, a indiqué un porte-parole de l’organisme à Radio-Canada après la publication de ce reportage. Cela correspond à une hausse de 1,4 % des budgets, contrairement à une baisse de 4,1 % budgété en juin dernier.

De son côté, le CIUSSS du Nord-de-l’Île affirme dans un communiqué que les montants pour l’aide à domicile dépensés au cours des dernières années « ont toujours été ajustés en fonction des besoins de notre population ». On ne précise cependant pas si les montants seront ajustés pour l’année financière en cours qui prend fin le 31 mars.

SOURCE :  https://ici.radio-canada.ca/regions/Montreal/2016/01/20/003-aines-aide-domicile-montreal-attente-budgets.shtml

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